Juin 2014. La route qui me mène jusque dans les Pyrénées me semble interminable en raison de la démission de mon auto-radio qui, depuis la veille, a cessé toute collaboration. Après plus de six heures d’un trajet propice aux méditations et à l’introspection sous une pluie battante, j’arrive enfin à Oloron-Sainte-Marie, non sans une certaine anxiété quant au niveau des eaux après les intempéries qui se sont abattues depuis plusieurs jours dans le Sud-Ouest de la France.

En fait, il n’en est rien, et Lionel Armand, guide de pêche renommé de la région et membre du team Pezon & Michel, dissipe rapidement mes inquiétudes. De fait, le soir même, nous nous dirigeons vers le gave d’Oloron pour une première prise de contact avec les magnifiques truites qui hantent les eaux profondes et limpides de cette fantastique rivière. En professionnel averti, Lionel guide mes premiers pas le long des berges quelquefois abruptes qu’un courant puissant vient régulièrement effleurer, les zones les plus propices étant localisées dans les secteurs les plus ralentis.

Les gros poissons postés contre les berges (effet « berge » prononcé) sont préalablement repérés avant de se voir présenter un leurre ou une mouche artificielle. Durant cette courte session, cinq ou six poissons de belle taille (le plus beau étant estimé à 50+) attaqueront violemment mes différents leurres sans que je puisse les ferrer efficacement au moyen de mes hameçons simples sans ardillon, contrairement à Lionel qui pris deux truites à la mouche artificielle.

Renseigné sur l’activité du gave, l’option fut prise de rejoindre un secteur situé plus en aval où une belle remontée d’aloses avait été observée la veille.

Dès le lendemain, nous prîmes la direction de Bayonne, plus précisément en aval de Navarrenx dans un secteur qui marque - approximativement - la limite amont colonisée par ces poissons migrateurs. Nous rejoignîmes le gave d’Oloron en empruntant des petits chemins carrossables avant de nous enfoncer dans un épais bois nous menant à la rivière. Dès notre arrivée, nous pûmes observer l’activité caractéristique des aloses en surface. Lionel fut le premier à capturer un barbeau, puis une première alose, au moyen d’une petite tête plombée associée à un leurre souple noir et orangé. A mon tour, je parvins à piquer - non sans difficultés en raison de la complexité et de la puissance du courant - une alose avec un Method Shad de 2’’ (coloris perch orange tail) après une lutte âpre et spectaculaire.

Une fois ce poisson remis à l’eau, nous rejoignîmes le Saison (ou gave de Mauléon) où je devais tout d’abord capturer un magnifique barbeau à la défense rude et tenace.

Plusieurs aloses furent leurrées après cette première prise sur de longues dérives trois-quarts aval au moyen de ce même LS attaché à un monofilament en 18/100ème. Ce fut également l’occasion de poursuivre le test de la nouvelle Stream Master S2102ML dédiée à la recherche des gros salmonidés en moyenne et grande rivière. Outre son énorme réserve de puissance, cette canne allait me permettre de présenter aussi bien un minnow coulant de plus de 70 mm qu’un leurre souple armé d’une petite tête plombée. Une alose approchant les 70 cm me permis de mesurer ses excellentes aptitudes au combat face à des poissons réputés pour leur explosivité et la durée des luttes qu’ils sont capables de livrer. De nombreuses aloses furent capturées et relâchées lors de cette session.

Après un déjeuner au bord de l’eau sous une chaleur accablante, nous terminâmes cette mémorable journée par un troisième spot sur le gave d’Oloron colonisé par un gros banc d’aloses. Ce secteur plus profond présentait un courant assez régulier mais plus puissant que les précédents. Au second passage de mon Method Shad, une attaque relativement discrète précéda un ferrage appuyé qui fut aussitôt suivi de puissants coups de tête. Ce poisson dévala ensuite sur plusieurs dizaines de mètres en donnant de temps à autre de violents coups de tête avant de rejoindre le milieu de la rivière pour bénéficier du courant plus soutenu sur lequel il pouvait s’appuyer sans trop se fatiguer. Après une lutte soutenue durant laquelle nous ne fûmes jamais en mesure d’apercevoir ce poisson, je pris la décision de reculer en maintenant une longueur de ligne suffisante pour conserver toute son élasticité. Finalement, les premiers signes de faiblesse apparurent et un saumon nous offrit les flancs de son corps, encore légèrement argenté, en longeant la déclivité du fond de la rivière avant de progressivement « blanchir ». Finalement, après un dernier sursaut durant lequel je crus perdre ce poisson, le combat tourna à mon avantage avec la mise à l’épuisette par un Lionel enthousiaste et efficace. Après les photographies d’usage, ce saumon aux honnêtes proportions (81 cm pour un poids estimé à 11-12 livres) fut rendu à son élément en espérant qu’il puisse terminer son long voyage et survivre à son périple en eau douce.

Le lendemain, ma motivation n’était plus la même, mais c’est avec une pêche traditionnelle de la truite aux leurres en torrent de montagne - avec de magnifiques poissons sauvages d'eau vive - que se termina ce fabuleux séjour dans le Béarn en compagnie de Lionel Armand dont la réputation de guide n’est pas surfaite. Mille remerciements à Lionel pour ces superbes sessions, mais surtout pour son agréable compagnie au bord de l'eau.

Au plaisir de vous rencontrer au bord de l’eau.

Alain Foulon